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Thierry Goemans

Je vous aide à professionnaliser votre gestion.
Formateur en compta et administration des entreprises, je suis passionné par l'optimisation des activités économiques.

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La France face à une réalité économique paradoxale : avec 6 300 milliards d’euros d’épargne (17% du revenu disponible) contre 3 345 milliards de dette publique, devons-nous encore économiser ou plutôt dynamiser l’économie par la consommation ?
Cet épisode du « Dictionnaire du Business » explique pourquoi consommer (en local) pourrait être votre meilleur acte citoyen, pour résorber les déficits publics.

Dans cet article je vous explique :

Consommer plus pourrait favoriser la relance économique

En période d’incertitude économique, l’instinct naturel incite à la prudence : on serre les cordons de la bourse, on repousse les achats non essentiels, on épargne « au cas où ».
Cette réflexe, a priori, de bon sens, pourrait bien être contre-productif, à l’échelle macro-économique.
En dopant la consommation, les français pourraient contribuer à la diminution des déficits publics.
Pour comprendre mon raisonnement, il faut d’abord regarder les chiffres qui font réfléchir.

L'épargne des français : des milliards enfouis

Ensemble, les Français détiennent, aujourd’hui, près de 6 300 milliards d’euros d’épargne, soit en moyenne, l’équivalent de 17% de leur revenu disponible.
Ce trésor, représente presque le double des 3 345 milliards d’euros de notre dette publique.
Le paradoxe est saisissant : l’État français croule sous les dettes alors que, collectivement ses citoyens accumulent massivement des richesses.

Cette épargne massive, certes atomisée entre tous les ménages qui peuvent constituer un « bas de laine », oblige à poser une question qui dérange : et si l’épargne -de l’argent sorti de l’économie- aggravait précisément les difficultés économiques qu’elle prétend anticiper ?

Le piège de l'épargne défensive en période de crise

Les médias bouclent quotidiennement sur des perspectives pessimistes concernant l’emploi, la fiscalité et le ralentissement de la consommation. C’est vrai : des entreprises licencient, les évolutions de carrière sont plus incertaines, et, pour les travailleurs indépendants, les affaires sont plus difficiles. Sous ce climat anxiogène, notre réflexe naturel est d’adopter une stratégie défensive,  : on essaie de mettre de l’argent de côté, au cas où un coup dur nous arrive.

Pourtant, cette réaction collective a un effet amplificateur sur une crise économique. Moins de consommation signifie moins de chiffre d’affaires pour les entreprises, qui réduisent alors leurs investissements et leurs effectifs.
Et les recettes fiscales, pour le Trésor Public, qui dépendent, pour partie des performances des entreprises diminuent automatiquement. Quand le commerce va mal, les déficits publics se creusent, justifiant alors l’annonce de nouvelles hausses d’impôts.

L’exemple le plus concret : la TVA est directement proportionnelle à la consommation et aux investissements réalisés en France.

« Je vous donne un chiffre : en 2014 la TVA comptait pour 48% dans les recettes fiscales de la France. En 2024, ce pourcentage est tombé à 28%. Avec un tel constat, il ne faut pas avoir fait de grandes études pour comprendre les difficultés économique, en France et en Europe. Une solution serait de diminuer les dépenses de l’Etat, mais chacun sait qu’en France, on n’y parvient pas. »

Les conséquences de l'attentisme des consommateurs

Cette spirale infernale fragilise le financement du modèle social français.

Moins de taxes et de TVA collectées, cela signifie moins de moyens pour financer l’hôpital, l’école ou la sécurité sociale.

Moins d’activité économique c’est aussi plus de personnes en situation de précarité et donc plus de dépenses de solidarité, à charge de la collectivité.

Le paradoxe est cruel : en voulant se protéger individuellement des conséquences de la crise, nous l’aggravons collectivement.

La consommation : un acte citoyen

Chaque acte de consommation est un apport à l’économie globale.

Contrairement aux idées reçues, celui qui a de l’argent et qui le consomme n’est pas dans une démarche nombriliste. Jouer le jeu de la consommation, c’est un comportement citoyen. Chaque euro qui circule déclenche une cascade d’effets positifs.

Reprenons encore le cas de la TVA, avec un exemple concret : lorsque vous achetez, chez un fournisseur français, un bien ou un service, pour 1000€  vous payez, en général, 200€  de TVA, en plus. Le vendeur collecte cette taxe avant de la reverser au Trésor Public. 

L'effet de la consommation sur l'emploi

Une entreprise qui a suffisament de clients maintient son activité; elle achète ses moyens d’exploitation, préserve ses emplois et continue de verser salaires et cotisations sociales.
Ses salariés, rassurés sur leur situation, consomment à leur tour, créant un cercle vertueux.

Une entreprise florissante paie également l’impôt sur les sociétés et plusieurs taxes, qui contribuent aussi aux recettes publiques.

Et, plus l’économie tourne, moins l’État a besoin de verser d’aides, d’apporter du soutien aux secteurs en difficulté.
Une consommation citoyenne réduit donc mécaniquement les dépenses publiques tout en augmentant les recettes fiscales.

Stratégies de consommation citoyenne

Si vous avez un emploi stable et disposez d’économies, adopter une stratégie d’achats ciblés présente un double intérêt. D’une part, vous stimulez l’économie nationale ; d’autre part, vous profitez souvent de bonnes affaires : les périodes de crise poussent les commerçants à multiplier les promotions pour attirer une clientèle devenue plus sélective.
C’est le moment idéal pour réaliser ces achats que vous reportiez : électroménager, mobilier, travaux de rénovation. Ces investissements, en plus de leur utilité personnelle, contribuent directement à la relance économique.

L’important reste de maintenir une épargne de précaution suffisante, mais sans tomber dans la thésaurisation excessive qui prive l’économie de liquidités nécessaires à son fonctionnement.

investissements stratégiques en temps de crise

Les professionnels et dirigeants de TPE/PME disposent d’un levier supplémentaire particulièrement efficace : l’investissement déductible. Réaliser des achats stratégiques pour son entreprise (équipements, formation, outillage) génère un triple bénéfice.

Premièrement, les investissements soutiennent l’activité des fournisseurs et prestataires. Deuxièmement, ils améliorent la productivité et la compétitivité de l’entreprise qui les réalise. Troisièmement, elles réduisent mécaniquement l’impôt sur les bénéfices puisque les charges exposées pour les besoins d’une entreprises sont déductibles de ses revenus soumis à l’impôt.

Ainsi les entreprises qui ont les moyens d’investir participent aussi à l’effort collectif de relance économique.

Révolte fiscale : le mauvais exemple grec

En réaction à une fiscalité jugée insupportable, de nombreux grecs ont choisi la fraude fiscale massive et le travail au noir. Résultat, Les contribuables grecs se sont trouvés de moins en moins nombreux et la pression fiscale concentrée sur ce trop petit nombre, est devenue encore plus confiscatoire.
Alors, encore plus de personnes ont choisi de frauder le fisc, en ne déclarant plus de revenus.

Cette révolte fiscale, a asséché les recettes publiques, ce qui a précipité la Grèce dans une crise jamais vue en Europe. A l’époque, l’Union européenne est intervenue massivement pour éviter la faillite d’un état membre, mais au prix de mesures d’austérité drastiques, qui ont durablement appauvri la population.

la réputation de la France est un enjeu

Je le dis, la révolution fiscale des grecs n’est certainement pas un exemple à suivre, pour nous, français. Le déclassement de la France dans le concert des nations ferait perdre à chacun d’entre nous davantage que ce qu’une rébellion nous apporterait.  De plus, contrairement à la situation grecque d’il y a une décennie, il n’est pas certain que nos partenaires européens voudraient, ou pourraient, renflouer les caisses françaises.

Cette réalité nous impose une responsabilité collective : nous devons trouver des solutions par nous-mêmes, dans le respect des lois fiscales et sociales.

Faire la balance entre prudence et consommation raisonnée

Une relance réfléchie ne réside ni dans une course folle à la consommation, ni dans l’épargne excessive, mais dans un équilibre réfléchi entre prudence personnelle et responsabilité collective. Cet équilibre dépend largement de votre situation financière personnelle.

Si vos finances sont fragiles, la priorité absolue reste la constitution d’une épargne de précaution. Rien ne justifie de compromettre la sécurité financière d’une famille, même pour des motifs civiques louables.

En revanche, si vous disposez de réserves suffisantes et d’un emploi stable, une approche de consommation raisonnée devient pertinente. Il s’agit alors de maintenir un niveau d’achats normal, voire de profiter des opportunités du marché, tout en conservant une épargne de sécurité adaptée à votre situation.

Notre appétence au risque détermine notre économie

Vos décisions de consommations dépendent également de votre appétence personnelle au risque et de votre vision de l’avenir économique.
Les affaires d’argent sont toujours un pari sur l’avenir, et chacun doit trouver son propre compromis entre sécurité personnelle et contribution au bien commun.

La question légitime de l'utilisation des fonds publics

Une des principales résistances à l’idée de « consommation citoyenne » vient de nos doutes concernant l’usage qui est fait de l’argent public. On peut légitimement s’interroger sur la destination finale de nos contributions, alors que les impôts semblent toujours augmenter sans, pour autant que les services publics s’améliorent ni que la dette publique se résorbe.

Cette préoccupation est compréhensible et justifiée. Elle souligne l’importance d’exiger plus de transparence et d’efficacité dans la gestion des deniers publics. Cependant, elle ne devrait pas vous amener à frauder le fisc, ce qui reviendrait à un refus de participer à la solidarité nationale.

effet pervers de la fraude sur les contribuables honnêtes

Moins il y a de contributeurs, plus la charge fiscale s’alourdit pour ceux qui acceptent de se soumettre à l’impôt. Cette spirale pénalise doublement les citoyens vertueux et crée un système profondément injuste.

La solution passe donc par un double effort : exigence de transparence et d’efficacité de la part des pouvoirs publics d’une part, maintien d’un comportement civique responsable d’autre part.

Conclusion : reprendre le contrôle de notre destin économique

Le constat est sans appel : la consommation stagne, les entreprises souffrent, les finances publiques se dégradent. Face à cette situation, nous avons le choix entre subir passivement ou agir collectivement.

Avec 6 300 milliards d’euros d’épargne les français détiennent les clés de la relance. Ensemble, nous sommes les seuls acteurs économiques capables de créer immédiatement de la valeur et de l’activité.

Le dilemme entre sécurité individuelle et responsabilité collective est réel et légitime. Mais il appelle une réponse nuancée : ni l’épargne excessive qui prive l’économie de dynamisme, ni la dépense irresponsable qui compromet notre sécurité personnelle.

Le choix de la consommation citoyenne, adaptée à chaque situation personnelle, offre une troisième voie. Elle permet de concilier prudence individuelle et efficacité collective, intérêt personnel et intérêt général.

 

Crise économique : Et si consommer valait mieux qu’épargner ?