Connaître à l’avance le montant de trésorerie nécessaire pour assurer le bon fonctionnement de vos affaires dans les semaines ou les mois à venir est une tâche ardue, pour tout dirigeant d’entreprise. Financer le besoin en fonds de roulement est cependant un facteur primordial pour pérenniser et développer un modèle économique, quelle que soit l’activité et la taille de votre entreprise. C’est d’autant plus vrai lorsqu’il faut convaincre un établissement de crédit de participer à votre projet entrepreneurial.
Vous trouverez dans cet article un modèle de tableau de trésorerie à télécharger.
Des banquiers trop prudents ?
Les indépendants et les chefs d’entreprises qui ont besoin de l’aide des banques pour financer leurs activités disent parfois que les banquiers sont frileux, au moment de décider d’un prêt professionnel.
On entend aussi que les établissements de crédit peinent à percevoir la valeur des projets que les entrepreneurs leurs soumettent.
Au-delà de ce ressentiment, les statistiques montrent que les projets d’investissements cohérents trouvent leur financement auprès des banquiers et que les concours de trésorerie « court terme » sont accordés lorsque le business plan éclaire les opportunités, mais aussi les risques liés à l’opération.
Connaître la psychologie du banquier
Ce qu’il faut savoir, c’est que la législation bancaire a beaucoup évolué, suite à des crises financières aussi graves que celle qui entraina la faillite de la banque Lehmann Brothers.
Les banquiers doivent désormais respecter des procédures pour éviter de vivre la même mésaventure. En conséquence, le traitement des dossiers et surtout les modes de financements proposés à la clientèle professionnelle et aux entreprises ont changé, notamment concernant les facilités de trésorerie et crédits de campagne destinés au financement du cycle d’exploitation.
Nous proposons une journée de formation « Bien négocier avec le banquier de l’entreprise ». Ce stage permet de connaître les contraintes et la psychologie du banquier et d’apprendre à lui soumettre un dossier complet et conçu pour lui, afin de le rassurer sur la pertinence de votre demande de crédit. L’intérêt de cette formation est d’éviter que le financement d’un bon business plan soit refusé parce que le banquier et l’entrepreneur n’ont pas réussi à se comprendre.
Tenir à jour un plan de trésorerie
Avant de faire appel au banquier, encore faut-il connaître soi-même la somme d’argent dont l’entreprise a besoin. Pour cela, il est indispensable de mettre en place un suivi du cash. Si l’entreprise est déjà en activité, la première chose à faire, c’est l’analyse des flux de trésorerie entrés et sortis dans le passé. Cette étude de l’historique est utile :
- pour comprendre le décalage entre le cycle d’exploitation et le cycle de trésorerie propre à vos affaires ;
- pour déterminer le besoin en fonds de roulement futur ;
- pour monter un dossier de demande de prêt, si le BFR n’est pas couvert par la trésorerie générée ou si des investissements doivent être financés.
Le tableau de suivi du cash
Indispensable, y compris dans les petites strcutures, le tableau de suivi et des prévisions de trésorerie se présente comme un tableau Excel dont la structure est assez simple. Téléchargez ici un modèle de tableau de suivi de trésorerie classique. Le recours à cet outil de suivi fondamental (défaut d’argent = cessation de paiement) n’est pas ruineux. En revanche, sa mise en place et son maintien à jour systématique exige réflexion et méthode. C’est la raison pour laquelle nous pensons qu’il est essentiel que le chef d’entreprise (ou le DAF, dans les PME) examine personnellement et régulièrement le tableau de trésorerie, avec, en-tête, l’idée selon laquelle il n’est rien de pire, pour le pilotage stratégique d’une entreprise, que de guider l’action sur la base d’un tableau de prévisions financières inexactes.
Construire le tableau de bord de trésorerie
Sur le papier, bâtir un tableau de trésorerie, c’est recenser, sur une période donnée (jour, mois, semaine, …) tous les mouvements de trésorerie (cash flows) « entrants » (recettes) et tous les flux de trésorerie « sortants » (dépenses). A partir d’un solde de trésorerie initial connu (par exemple, celui de votre compte bancaire en début de période), vous pouvez additionner les recettes prévues et soustraire les dépenses budgetées pour obtenir une projection du solde de trésorerie disponible en fin de période.
Conseil : à chaque fin de période, comparez les cash flows prévisionnels avec les flux de trésorerie réellement constatés et analyser les causes des écarts. Cette étape est nécessaire pour affiner vos prévisions de trésorerie au fil du temps.
Thierry Goemans
Lien entre le tableau de trésorerie et le calcul du BFR
Le tableau de trésorerie repose sur des données opérationnelles issues du quotidien de l’entreprise : solde bancaire de départ, encaissement reçus des clients, règlement des fournisseurs et des rémunérations relèvent du cycle d’exploitation. En plus des recettes et dépenses d’exploitation, il convient de compléter le tableau avec des éléments comme les remboursements d’emprunts, pour les dépenses et avec des recettes exceptionnelles, comme des subventions ou des indemnités.
Le calcul du Besoin en Fonds de Roulement est une donnée plus statistique qui aide le concepteur d’un tableau de trésorerie à vérifier la cohérence de son travail de prévision.
Calculer la différence entre la somme de la valeur des stocks et des créances clients d’une part, et le montant des dettes fournisseurs, c’est calculer, à un temps « T » le BFR. C’est une donnée statistique qui doit aider à modéliser le cycle de trésorerie saisonnier d’une entreprise. Il est utile de calculer le BFR quand on a mis à jour le tableau de trésorerie d’une entreprise, pour vérifier si les calculs faits sont cohérents.
Réfléchir aux éléments qui impactent la trésorerie
L’encours clients, c’est-à-dire les créances restant à encaisser conditionne les flux entrants. Analyser la balance âgée et connaître la période moyenne de recouvrement des créances (PMR) aidera à positionner les encaissements des ventes déjà facturées sur l’axe du temps.
Savoir à quel rythme les stocks tournent permettra aussi d’extrapoler le BFR, en établissant une valeur moyenne des stocks nécessaires.
La dernière composante du BFR, c’est le poste « fournisseurs », soit les dettes commerciales de l’entreprise. La modélisation du cycle de trésorerie passe aussi par l’analyse de l’échéancier fournisseurs et de la période moyenne de règlement de leurs factures. En effet, le délai de crédit accordé par vos fournisseurs influence logiquement le tuming des flux de trésorerie sortants de votre entreprise.
Parmi les dépenses récurrentes (mais statistiquement hors du calcul du BFR), la planification des échéances de salaires à payer ainsi que des cotisations sociales et des impôts sont, en général assez simples à positionner dans le tableau de trésorerie.
Concernant les dettes fiscales, il y a toujours une petite difficulté à planifier le montant de la TVA à payer, si votre entreprise y est assujettie, mais, bonne nouvelle, nous avons un truc pour estimer la TVA à payer avant même d’en avoir fait la déclaration. Nous partageons volontiers cette méthode avec nos chers clients.
Retrouvez, sur ce blog, tous les articles de notre série consacrée à la lecture du bilan des entreprises et au calcul des ratios de trésorerie.
On devient meilleur prévisionniste avec l’expérience
Vous hésitez à vous lancer dans des prévisions de trésorerie ? Vous avez tort.
D’abord, on le répète, la trésorerie c’est le carburant de votre entreprise et vous ne voulez sans doute pas tomber en panne d’essence. Ensuite, persuadez-vous qu’en renouvelant régulièrement (au moins une fois par mois) cette gymnastique, vous deviendrez un bon prévisionniste : vous allez pouvoir gérer le cash au plus serré, avec moins d’angoisse à la clé et, qui sait démontrer à votre banquier et à vos partenaires que vous maîtrisez le sujet, ce qui leur donnera confiance.
Motivez-vous en vous rappelant qu’une trésorerie bien gérée, c’est un bilan comptable plus sain et des économies qui impactent positivement la rentabilité de l’entreprise.