Les investissements, générateurs de dépenses, ont aussi, c’est contre-intuitif, un impact favorable sur la trésorerie de l’entreprise. Par le jeu de l’amortissement des immobilisations, des charges viennent diminuer le résultat fiscal imposable, sans toutefois correspondre à des sorties de trésorerie. Par ce jeu d’écritures, parfaitement légal, l’entreprise renforce sa capacité d’autofinancement.

La dotation aux amortissements consolide la capacité d’autofinancement

Charges non décaissées

Il y a une notion assez complexe à intégrer dans la réflexion sur le «retour sur investissement», lorsqu’une entreprise renouvelle des biens durablement affectés à son exploitation.
Contrairement aux charges d’exploitation et autres, qui grèvent le résultat de votre entreprise, la dotation pour amortissements de l’année (qui constate l’usure progressive d’une immobilisation) est une charge fiscalement admise mais qui ne correspond à aucun décaissement. Les comptables parlent de “charges calculées” ou encore de “charges non-décaissées”

Quand vous achetez une cartouche d’encre, vous avez une charge et également une sortie d’argent. Quant à la charge d’amortissement d’une Immobilisation, elle est découplée de la dépense d’investissement initiale. Ceci revient à dire que la dotation aux amortissements est un moyen de diminuer le résultat fiscal de votre entreprise, sans pour autant ponctionner la trésorerie. La diminution du résultat entraîne une diminution de l’impôt dû; ce gain fiscal vient renforcer la rentabilité financière des investissements en immobilisations. Le principe de charges sans décaissement et de minoration de l’assiette fiscale constitue la capacité d’autofinancement (cash flow dans la terminologie anglaise).

L’exemple d’un four d’une valeur d’acquisition (facture d’achat) de 16000€/HT pour être exploité 4 ans dans une pizzeria permet d’illustrer les économies générées par le renouvellement des immobilisations.

Exemple de tableau d’amortissement linéraire.

Notre four, amorti au taux linéaire de 25% génèrera 4000€ de charge d’amortissement pendant 4 ans. Si la stratégie d’entreprise conduit à l’utiliser au-delà de 4 ans (et c’est son droit!), elle ne pourra plus comptabiliser de dotation aux amortissements en charges, à partir de la cinquième année, puisque la valeur comptable du bien sera ramenée à zéro au bout de quatre ans d’amortissement.
En continuant d’exploiter le four au-delà de sa période d’amortissement comptable, donc en retardant son remplacement, le restaurant se prive du droit de passer une charge d’amortissement qui viendrait en réduction de son résultat fiscal. On va donc considérer qu’il pourraît payer moins d’impôts en renouvellant régulièrement ses immobilisations.

Lors de l’étude du compte de résultat d’une entreprise, il convient toujours d’identifier la capacité d’autofinancement. Dans certains cas, le constat d’un résultat comptable négatif (perte) pourra être pondéré par une capacité d’autofinancement positive, si d’importantes charges ont été comptabilisées sans générer de sorties de trésorerie.

Cet article est paru initiament sur le blog d’Adjuvamus Management Support

Capacité d’autofinancement (cash flow)

La capacité d’autofinancement (ou cash flow) d’une entreprise se calcule en ôtant des charges constitutives du résultat comptable le montant des charges qui n’ont pas généré de décaissement (principalement les dotations aux amortissements et les provisions comptables). Il convient aussi, pour établir le cash flow, de neutraliser l’impact de produits comptabilisés alors qu’ils n’ont pas généré de recettes, dans la trésorerie (pensez aux reprises de dotations aux amortissements et aux reprises sur provisions précédemment établies).

Impact favorable des amortissements sur la trésorerie de l’entreprise