Vraiment ? Le montant du capital social de votre entreprise lui permet de fonctionner, en début d’activité. Ensuite, le montant des fonds investis est aussi un signal fort de l’engagement des actionnaires propriétaires, qui contribuent à un facteurs clé de succès d’un business model : la capacité d’autofinancement. Pas convaincus ? On explique la notion de fonds d’amorçage et de financement du développement de l’entreprise. On vous parle « seuil de rentabilité », « point mort » et fonds de roulement.
Dialogue avec un créateur d'entreprise qui fonde une société commerciale : - « Combien, le montant du capital social de votre société ? » - « bah... 500€ ! Le capital, ça sert à rien … ».
De combien d'argent ais-je besoin pour lancer mon business ?
C’est finalement la seule « vraie question » ! Et la réponse dépend de votre activité et du contexte de la création d’entreprise. Le calcul du seuil de rentabilité et du point mort de votre business model est indispensable pour calmer vos interrogations au sujet du financement de l’amorçage de votre projet. Si vous avez besoin de peu d’investissements en infrastructures et que vous avez la certitude d’avoir suffisament de clients qui alimentent vos caisses, il vous faudra risquer moins d’argent pour financer les débuts, que si vous devez installer un outil de production lourd et trouver des clients, avant de commencer à vendre.
Même si la loi l’autorise, afficher un capital ridiculement faible est perçu par les milieux économiques comme un signal de faiblesse. Cela décrédibilise l’entreprise et l’entrepreneur, qui fait implicitement l’aveu d’une certaine ignorance des bases financières universelles autour de l’argent nécessaire pour l’amorçage d’une entreprise et l’autofinancement d’un business model.
Culture économique : le capital social pour inspirer la confiance
Qui accepterait de s’impliquer dans le business plan d’une entreprise dans laquelle les propriétaires, eux-même n’acceptent de risquer qu’une toute petite somme d’argent, pour alimenter les fonds propres ?
Le capital social : définition
Le capital social, c’est la mise de ceux qui risquent de l’argent dans une société commerciale (les créateurs d’entreprises). Ils en sont propriétaires dans un but lucratif, donc sont censés croire dans le potentiel de croissance d’un modèle économique. Alors, miser « petit », revient à afficher des doutes dans ses propres chances de succès.
Combien d'argent faut-il pour créer mon entreprise ?
La solidité d’une entreprise repose sur le tryptique solidité – rentabilité – indépendance financière. Lors de la création de l’entreprise, la mise à disposition (on dit « libération ») du capital donne à la société des ressources pour acheter le patrimoine de départ. Ce patrimoine peut se composer de liquidités, versées sur le compte en banque de la société ou de moyens d’exploitations (machines, stocks, licences,…) apportés par celui ou ceux qui souscrivent au capital. Plus la valeur du capital est importante, plus le patrimoine dont dispose l’entreprise pour l’amorçage de son activité est important.
La suite est assez simple : petits moyens, petits risques, mais petits développements et donc petits bénéfices en perspective.
Même en étant vertueux, et en réaffectant les bénéfices aux réserves, les capitaux propres d’un business model peuvent demeurer structurellement faibles pendant des années, si la mise de départ des créateurs de l’entreprise était modeste.
Sans compter que, si des banquiers ont accepté de prêter de l’argent, une partie des bénéfices d’exploitation sera absorbée pour le paiement des intérêts qui constituent la rémunération de la banque.
La rentabilité de l’entreprise, pour les actionnaires, est donc moindre, dès lors que des financements autres que leurs fonds propres financent l’activité.
Le manque de fonds propres peut générer la faillite
Mais il y a une hypothèse pire : manque de moyens = pas assez d’argent pour faire vivre une entreprise en attendant les premiers bénéfices = cessation de paiements = échec entrepreneurial.
Conseil du Sage (ou sage conseil) : quand vous déterminez le montant du capital de votre société commerciale, c’est vous qui avez la main : pensez sécurité et confort, prévoyez large : l’avenir est fait d’imprévus.
THIERRY GOEMANS
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Les ratios financiers appliqués au capital des sociétés
– « Le capital ne sert à rien … »
objecte encore ce créateur d’une société de service, malgré mes explications.
De fait, son activité de conseil ne lui fait engager que ses capacités intellectuelles et ce chanceux dispose déjà des contrats clients nécessaires pour assurer la rentabilité immédiate de l’entreprise, dès sa création. L’argent des clients (la recette des ventes) va suffire pour couvrir toutes ses dépenses. C’est LA situation idéale !
Cela c’est la situation aujourd’hui. Mais demain ? Si sa société traverse un trou d’air ou, au contraire, doit disposer de ressources complémentaires pour financer une croissance rapide ?
Des performances aussi involontaires qu’inattendues peuvent mettre en péril l’équilibre de l’entreprise si les moyens de celle-ci sont dépassés.
Le banquier a toujours une lecture du bilan différente de celle de l’entrepreneur. Une société commerciale dont les fonds propres sont insuffisants (donc sous-capitalisée) est mathématiquement en position délicate, dès qu’elle dépend du bon vouloir de tiers. Banquiers, fournisseurs et prospects utilisent des formules immuables pour évaluer la solidité financière de votre entreprise avant de miser sur elle.
Etre « en dehors des clous » dans les résultats de ratios financiers universels, c’est se marginaliser et prendre le risque de voir des portes se fermer, au mauvais moment.
Et avoir prévu l’évolution de la capacité d’autofinancement dans votre business plan est une démonstration de plus de votre capacité à piloter la stratégie de votre entreprise.
Société commerciale : une personnalité juridique distincte
Une société commerciale est une personne morale, qui dispose d’une personnalité juridique distincte de celle des personnes physiques qui l’ont créée. L’affichage, à titre privé, d’une fortune confortable, n’entre pas dans les ratios financiers de votre société. En revanche, l’actionnaire propriétaire finit toujours par être tenu responsable d’éventuelles fautes de gestion : la sous-capitalisation d’une société en est -potentiellement- une. La faute sera jugée d’autant plus grave quand un entrepreneur un peu pingre est connu pour quelqu’un qui « a les moyens » de faire face aux besoins de la société dont il est mandataire.