Au moment de financer un investissement, une immobilisation, il faut suivre une stratégie en fonction des possibilités qui s’offrent à l’entreprise. Selon l’option suivie, l’équilibre financier du bilan comptable sera plus ou moins impacté.
Il n’y a que trois cas de figure (allez disons, trois et demi, si l’on prend en compte la possibilité de louer les infrastructures ou lieu de les acquérir en pleine propriété) :
1. Casser son bas de laine (autofinancement)
Si l’entreprise dispose, à l’Actif, d’une trésorerie excédentaire, elle peut payer l’investissement avec ses liquidités. Un Actif Circulant est alors transformé en Actif Immobilisé. Il n’y a aucun impact sur les ressources, au Passif.
Quand c’est possible, ne serait-il pas mieux de garder les liquidités disponibles pour financer l’exploitation, au lieu de déséquilibrer la structure de l’Actif, en immobilisant de l’argent ? On vous explique pourquoi dans la suite de cet article.
Pour faire une comparaison entre une société commerciale et une famille, devant la stratégie de financement d’un bien, on peut dire que, par exemple, des parents peuvent choisir d’emprunter plus que nécessaire pour financer l’achat de leur maison, ou de rembourser sur un plus grand nombre d’année, afin de garder de l’argent pour vivre au quotidien. Il ne s’agit pas d’avoir un beau logis, dans lequel on ne mange pas à sa faim, parce qu’on s’est mis sur la paille pour payer comptant un bien qu’il aurait mieux valu acheter à crédit, ou à défaut d’obtenir un crédit suffisant, ne pas acheter du tout avant de disposer de ressources propres suffisantes (salaires, économies, héritage).
THIERRY GOEMANS
2. Une solution saugrenue : le découvert bancaire
L’entreprise peut aussi réclamer de son banquier l’usage d’un découvert bancaire. Mais il est peu probable que le banquier consente à financer l’acquisition d’infrastructures, biens d’emploi durables, par la création, au Passif du bilan d’une dette à court terme, correspondant à un découvert bancaire. Eviter cette situation est la raison même, puisqu’un tel montage financier (augmentation du haut de bilan à l’actif financée par une augmentation des dettes à court terme, en bas de Passif, impacte négativement le fonds de roulement, dont nous avons parlé dans d’autres post de cette série consacrée à la compréhension des états financiers.
Faire une telle demande risque fort de compromettre la crédibilité du dirigeant d’entreprise qui la formulerait. Sa culture financière est sans doute insuffisante.
THIERRY GOEMANS
3. Souscrire un emprunt à long terme
Cette troisième solution est sans doute la plus pertinente : prouver au banquier que l’investissement projeté sera rentable et lui demander un prêt à long terme.
Dans ce cas, la valeur de l’investissement portée en haut de bilan à l’Actif correspond à une augmentation des ressources longues, les capitaux permanents. Le fonds de roulement de l’entreprise reste inchangé, au moment de l’acquisition de l’immobilisation, grâce à l’engagement de la banque.
Un emprunt échéancé à long terme est confortable pour l’entreprise, lorsque les taux d’intérêts sont peu élevés, car la charge financière que constituent les intérêts qui rémunèrent le banquier est de faible impact sur le résultat de l’entreprise.
Il faut cependant garder à l’esprit la notion d’indépendance financière.
Au niveau du Passif, les ressources propres, la mise risquée par les actionnaires devrait toujours constituer la plus grosse part des ressources en argent, sinon l’entreprise devient dépendante de ses prêteurs.
Il est naturellement possible de panacher les trois possibilités de financement des immobilisations, en fonction de la trésorerie de l’entreprise, de sa capacité d’emprunt résiduelle et du coût de l’argent.
4. Disposer d’équipements sans en être propriétaire
Pour finir, il est possible pour une entreprise de recourir à la location longue durée (crédit bail ou leasing), pour avoir la jouissance des infrastructures nécessaires à l’exploitation. Dans ce cas, il n’y a pas d’inscription à l’Actif, de la valeur des Immobilisations, puisque celles-ci ne sont pas la propriété de la société.
Le loueur se contente d’envoyer chaque mois une facture de loyer, qui vient directement grever les charges d’exploitation.
Dans ce cas de figure, il n’y a pas évidement pas lieu, non plus, de passer des écritures d’amortissement.
Retrouvez, sur ce blog, tous les articles de notre série consacrée à la lecture du bilan des entreprises.