Thierry Goemans explique, en vidéo, la mécanique inexorable qui provoque une crise économique dans l’économie globalisée. Les difficultés du Crédit Suisse, qui font suite à la fermeture de la Silicon Valley Bank (SVB), en au début de 2023, remettent mon récit inspiré de faits réels, la faillite de la banque Lehman Brothers, en 2008, dans l’actualité. Une occasion de renforcer votre culture du libéralisme économique par le format du micro-learning.
L’exemple des défaillances bancaires
Cette vidéo décrit la mécanique d’une crise économique, en prenant un exemple : celui de la faillite d’une entreprise. Le récit que j’y fais s’inspire de celui de la fin – tragique – d’une banque américaine, pendant l’année 2008. La faillite de cette banque a révélé à la planète entière la fragilité de nombreux établissements de crédit.
Cette première vidéo, qui vous narre l’histoire d’une crise, va vous permettre de mieux comprendre la vie économique, à notre époque de globalisation des circuits d’argent au niveau planétaire. Elle sera suivie d’une seconde vidéo « Ce que les crises économiques nous enseignent » qui présentera les enseignements à tirer de cette histoire, pour mieux anticiper les situations futures et donc prendre des bonnes décisions en ce qui concerne la gestion de l’argent : celui que vous avez ou celui qu’on vous prête.
Plein emploi
Notre histoire débute dans les années mille neuf cent quatre-vingt-dix, dans une ville américaine prospère. Des constructeurs automobiles qui y sont établis de longue date y garantissent l’emploi. Le profil du citoyen ordinaire, là-bas, est facile à dresser : la ville est majoritairement peuplée d’ouvriers, sous contrat de travail à durée indéterminée et qui ont tous un salaire et une perspective de carrière à peu près identique.
Crédit immobilier
Un promoteur immobilier fait alors des affaires juteuses avec le modèle économique suivant : il construit, à proximité des usines, des quartiers résidentiels pour répondre au rêve américain qui veut que chacun devienne le propriétaire de sa maison et d’un bout de jardin. Après une étude de marché, le promoteur met au point une offre de maisons, qu’il commercialise à un prix correspondant au montant du crédit que les familles de la région peuvent obtenir de leur banque, sur 20 ou 25 ans. Une crise économique, c’est toujours une suite de circonstances qui font boule de neige. Les faits ayant entraîné la crise économique que je vous raconte commencent ainsi :
Chômage
Après les attentats du 11 septembre 2001, l’industrie est frappée par la crise et c’est la fin du plein emploi dans la ville ou notre histoire se déroule. Les ouvriers, qui se sont endettés pour avoir leur maison sont frappés par le chômage, peu indemnisé aux Etats-Unis. C’est la que les affaires de la banque dont on parle commencent à mal tourner. C’est un drame en 4 temps qui va précipiter sa faillite.
Bank Run
Premier acte : beaucoup d’ouvriers n’ayant plus de salaire pour alimenter leur compte, les dépôts d’argent la banque diminuent. Pire encore, les personnes privées d’emploi viennent au guichet retirer leurs économies : ils vont les dépenser à la place de leur salaire. Le phénomène qui voit une banque manquer de liquidités quand un nombre massif de clients vient subitement retirer ses économies s’appelle un « bank run » soit en français : une ruée vers la banque.
Or, le principe de fonctionnement des banques ne prend pas en compte l’hypothèse d’une crise qui touche autant de monde en même temps. Dans notre cas, on a alors une banque qui manque d’argent liquide pour rembourser tous ceux qui veulent récupérer – d’un seul coup – le montant de leurs économies. Car évidemment, les banques ne gardent pas dans leurs coffres tout l’argent que les clients leur confient : une banque est une entreprise qui fait ses bénéfices quand elle prête à son tour l’argent que ses clients ou d’autres établissements de crédit lui ont confié ; en contrepartie du risque auquel elle s’expose en tant que prêteur, la banque se rémunère sous la forme de commissions et d’intérêts à charge de ceux qui empruntent de l’argent.
Seconde conséquence néfaste : le manque de trésorerie disponible provoque aussi mécaniquement une baisse des bénéfices du banquier. L’argent est la marchandise des banques ; quand il n’y a pas de marchandise à vendre, il n’y a pas de possibilité de faire commerce. De toute façon, quand bien-même notre banque aurait eu encore de l’argent à prêter, il lui aurait été difficile de trouver localement des emprunteurs solvables au vu de la généralisation de la crise qui a suivi les évènements du 11 septembre 2001.
Crédits non remboursés
La tragédie qui plombe l’économie de notre banque en même temps que celle de ses clients se poursuit inexorablement par un troisième phénomène. Une fois que toutes les économies des chômeurs ont été épuisées pour faire face aux dépenses courantes, dont le remboursement des mensualités de l’emprunt immobilier souscrit pour financer la maison, de nombreux ouvriers emprunteurs vont se trouver dans l’impossibilité de rembourser leur crédit. Pour la banque, cela a deux conséquences néfastes supplémentaires : d’abord le capital remboursé chaque mois par les emprunteurs constitue normalement des liquidités qui peuvent être de nouveaux prêtées à d’autres clients. Quand l’argent reste dans la nature, c’est encore une source de liquidité qui fait défaut au banquier. Ensuite, lorsqu’un emprunteur ne rembourse pas ses échéances d’emprunt, il ne paie pas non plus les intérêts de sa dette, qui constituent les bénéfices attendus par le banquier. En cas d’impayé, la rentabilité du contrat de prêt devient négative pour le banquier.
Emprunts toxiques
Le cycle de financement naturel de la banque est donc gravement perturbé quand les clients emprunteurs gardent l’argent qui leur a été prêté plus longtemps que prévu. Ce n’est pas difficile de comprendre que quand toute une région fait face subitement à des difficultés financières, les banques locales subissent les conséquences de cette situation imprévue. Le libéralisme économique et la globalisation des marchés va permettre aux banquiers en difficultés de trouver de l’argent ailleurs : ne pouvant faire la fine bouche devant le besoin, ils empruntent de l’argent sur des marchés financiers plus risqués que ceux qu’ils connaissent bien, avec le risque d’emprunter des fonds pourris.
Saisies immobilières
Et avec ses clients ? Que peut faire le banquier quand un emprunteur ne respecte pas l’échéancier de remboursement ? Et bien, lorsqu’un crédit immobilier reste impayé, la banque saisit la maison du débiteur défaillant pour la faire vendre à son profit. Cependant, les banques s’appuient sur un modèle économique qui veut que la plupart des emprunteurs respectent le calendrier de remboursement de leurs crédits. Quand le cas d’un emprunteur insolvable est l’exception la banque reste assez solide pour faire face à un accident isolé. Mais quand la population d’une région entière devient insolvable dans un temps très court, la banque est confrontée à un taux de sinistres clients simultanés anormalement élevé. Dans notre récit, par le jeu de l’hypothèque, la banque devient propriétaire de toutes les maisons que les ouvriers ne peuvent pas lui rembourser.
Bulle financière
D’abord, ce n’est pas le métier du banquier de vendre des maisons et surtout, quel maigre profit le banquier va-t-il tirer d’un lot de logements, tous situés dans une région en crise économique ? Qui voudra venir installer sa famille dans un lieu où il n’y a pas de travail ? Alors, le prix de l’immobilier s’écroule. La vente des maisons abandonnées par les ouvriers devenus insolvables se fait à un prix très bas et la perte est d’autant plus importante que le prix initialement demandé pour les maisons était élevé, à l’époque où personne ne croyait que la situation florissante de l’industrie automobile ne durerait pas toujours. Souvenez-vous du promoteur qui avait profité du climat de confiance de l’époque pour faire monter le prix du mètre carré.
Faillite
Dans notre exemple, c’est à la tête du banquier que la bulle immobilière a fini par exploser. Privée des ressources financières de ses clients, la banque dont nous racontons l’histoire finira par être incapable de payer ses propres dettes. Elle sera déclarée en faillite, comme n’importe quelle entreprise dont l’état de cessation de paiement est jugé définitif.
Ce récit étant terminé, je vous recommande de regarder une seconde vidéo dans laquelle je vous donne les enseignements logiques qui vont vous permettre de déceler les risques et opportunités liées à la situation économique, afin de vous permettre de prendre, par vous-même les meilleures décisions possibles pour gérer votre argent comme un vrai économiste.
Article paru initialement sur le blog de Thierry Goemans